A coté de chez moi vivait un poète...
(sonnet)

Reclus dans une minuscule maison violette,
Vivait cet homme que nul ne côtoyait jamais.
L'hiver devant sa porte, l'on trouvait des miettes :
Repas destiné aux frêles oiseaux gelés.

Dans son jardin en friche était dressées des vouges,
Arsenal fantôme d'un guerrier oublié.
Derrière les tentures, de drôles de reflets :
Illusions mystiques ou danse de spectres rouges ?

On l'apercevait souvent la nuit par la ville,
Son pas étrange ressemblait à la séguedille
Que dansent les latines animées par la fièvre.

Un beau matin blanc, il fut retrouvé pendu.
Je volais près de lui, aussitôt prévenue
Pour enfin déposer un baiser sur ses lèvres.

MoonCCat

Un ballon atterrit dans les jardins du Luxembourg.
Le sphérique à demi dégonflé.
(Une du quotidien l'Excelsior du 21 Juillet 1912)

Cristallisation du thème symboliste de l'âme éternelle emportée par un personnage (ici, dans les mains de l'Ange de la mort, verte de surcroît), cette peinture m'a toujours hanté, hypnotisé, comme bien des oeuvres de Schwabe. 

Au delà d'une représentation saisissante (les clairs obscurs notamment) et du visage de l'Ange (superbe de pureté), une magie extraordinaire se dégage de la toile : l'expression d'un calme et d'une sérénité absolues face au plus grand mystère de tous, auquel le fossoyeur semble se soumettre avec fascination.

Je l'inscris dans mon carnet pour une future chanson.

J'écris... Encore et encore... Jamais satisfait... Je barre, je refais, je réécris, remplace un mot, pense à un vers des jours entiers... Je rature... L'alexandrin est exigeant. Parfois, un texte correspond enfin à ce que je recherchais en terme de symbolisme, de musicalité, d'écriture...
Voici l'un de mes derniers poèmes, écrit par une froide nuit d'hiver. Un texte qui trouvera son chemin dans ma musique un jour ou l'autre...

Epitaphe

Les nuages en blanches écharpes argentées,
Partent ce soir réchauffer l'astre en diamant.
C'est l'heure sombre où les orages tourmentés 
Démâtent les chênes sous les rafales d'Autan.

Une lumière sursoit au fond du caveau :
Timide veilleuse ou feu follet magique ?
Fantôme de la morte ou illusion tragique ?
Je sais la réponse, plongé dans un long repos.

Le lierre vivant recouvrira mon tombeau,
Comme la mer engloutit les anciens vaisseaux.
Les chats viendront y songer à leurs idéaux,
Belle demeure ou j'ai déposé mon fardeau.

Cette verte guirlande étend son long bras,
Autour de mon coeur mort, vestige du trépas.
Endeuillée par la vie, sereine dans la mort,
Mon âme s'élève dans une mandragore.

C'est la vierge folle qui court dans les bois ...
Le mixage version maquette enfin terminé après des jours de travail !

Je viens de terminer ce nouveau clip, tourné de jour (et surtout de nuit !) dans un charmant cimetière de province.
Après les prises de vue, j'ai monté et étalonné durant deux semaines.