Des jeunes filles de vingt ans franchissaient la clôture du jardin public fermé pour la nuit, à leur tour, imitant mon geste interdit mais bien léger, pour retrouver ce fou qu'elles avaient aperçu, sautant par dessus les pointes.
Me trouvant immobile contre l'arbre, à terre, elles me demandent la raison de cet accoutrement - col brisé, lavallière, redingote, etc -, et surtout, de mon attitude. Je suis assis, à terre, je suis mort. Je n'attends plus personne depuis longtemps. Je pense rêver. Je mets du temps à réagir. Puis.
- je suis le dormeur du val.
- ????
- Entendez-vous Rimbaud ?
- ????
Elles sortent leur téléphone portable et font une recherche. Elles n'ont jamais entendu parler ni de Rimbaud, ni du dormeur du val, que je me proposais de leur dire et de jouer cette nuit de vacarme.
Leur curiosité une fois rassasiée, elles s'en furent, déçues.
Anecdote véridique et incomplète.
Je n'ai plus envie de sortir ces soirs. Ni de me costumer. Ni de rien faire d'ailleurs.
L'année prochaine au solstice d'été, je serai probablement sous terre, à l'abri de ces téléphones et de ce monde où j'ai échoué.