C'est pourtant une compagne présente depuis plus de dix ans, à laquelle j'ai dédié une douzaine de poèmes ("Miroirs des Nuits Tragiques"). Pour une raison inconnue, elle ne parvenait à pénétrer mon univers musical, tout en berçant un univers poétique teinté de songe et de souvenirs. Certainement un paradoxe étrange...
On me l'a dit souvent au cours des dernières années : "Écriras-tu jamais une chanson sur l'absinthe, toi qui la connais si bien ?".
- Peut-être... Un jour", répondais-je, sans conviction.
Et puis comme c'est souvent le cas, un soir, une visite eu lieu, une mélodie s'imposa et les paroles d'une chanson vinrent fleurir... à fleur de peau.
L'absinthe, je la connais mieux que personne. Consolatrice des jours tristes et malheureux, accompagnatrice des célébrations formidables. Elle ajoute toujours des couleurs, à la manière d'un peintre qui représenterait des états d'âme ou des situations vécues avec flamboyance. Et les couleurs de la verte, croyez-moi, elles ont toujours de la vibrance !
Je pense avoir vécu l'absinthe comme les artistes d'antan.
Poète déçu et sans illusion, musicien ignoré et boudé, photographe oublié : je suis qualifié pour entrer dans le Temple de la Fée, refuge des artistes sombres, mélancoliques et maudits.
L'absinthe fut là pour accueillir Van Gogh, Musset, Picasso, Verlaine, Rimbaud, Degas, Toulouse-Lautrec (on se souvient d'eux aujourd'hui mais qui les connaissait il y a un siècle ?)...
Mais elle fut aussi la consolatrice d'autres, dont vous n'avez jamais entendu parler, comme Lionel des Rieux, Edouard Dubus, Raoul Ponchon, Charles Cros, Maurice Rollinat... Elle les a séduit. Tous.
J'ai mis du temps à comprendre ce qu'il s'était réellement passé entre l'absinthe et les artistes de cette époque. Car enfin, aucun spiritueux n'a autant séduit, créant une habitude de consommation au point d'attribuer à l'absinthe le sobriquet de "boisson nationale" ! Pourquoi les artistes en étaient férus ?
J'ai voulu comprendre... Et je me suis brûlé les ailes.
J'ai écrit de longues pages sur le sujet (avec et sans Elle) dans un essai composé "à la manière" des "Confessions d'un mangeur d'opium" de Thomas de Quincey et de "Le poème du Hachisch" de Charles Baudelaire pendant plus de dix ans. Le résultat est évidemment unique. On le publiera peut-être après ma mort.
Quoi qu'il en soit, voici peut-être la seule chanson que je consacrerai à une muse indéfectible et toxique. La réalisation est de moi :