Lundi, 22 Juillet 2013
22:52
Lilith79
"Derrière l’énigmatique nom de MoonCCat, se cache non pas un chat noir contemplant la rondeur de la lune, mais un projet musical que j’ai eu l’occasion de découvrir sur la scène du Klub en octobre dernier, en ouverture d’une soirée néofolk. Sur scène, Luc S. au micro et guitare en main, nous a ouvert les portes de son univers avec ses sombres et poétiques chansons… "
Lundi, 22 Juillet 2013
22:52
Lilith79
Pas de chats, disais-je… pourtant, au travers de ses textes, il se peut que l’on en croise un, petite silhouette fugace au sein de la nuit, on peut aussi deviner la clarté d’albâtre de la lune, où glissent toutes sortes de fantômes mélancoliques. Un univers dans lequel j’ai aimé m’immerger ; peuplé d’ombres et de lueurs nocturnes. MoonCCat baigne dans de belles influences poétiques, symbolistes, dans les souvenirs d’un Paris du XIXeme, les becs de gaz éclairant la nuit, les vapeurs de l’absinthe…Et puis les poèmes de Lautréamont, Baudelaire, Tristan Corbière ou encore des films de Cocteau. Rien d’étonnant à ce que ces prestigieux artistes l’inspirent, et de fait le musicien a été bien inspiré… A la fin de son set, j’avais échangé quelques mots avec lui, lui disant que j’aimerais écrire sur sa musique à l’occasion de la sortie d’un cd ou d’un EP… M’ayant promis qu’il m’enverrait les titres le moment venu, voilà son EP de trois titres intitulé « La Reine Noire » qui est sorti. Le moment est venu, donc. Exploration…
Luc a certes des influences du passé, mais il les intègre fort bien au présent par le biais de sa musique. Et de toutes manières, les émotions liées à l’art et la littérature sont intemporelles… Certes, trois titres c’est peut-être un peu succinct pour se faire une idée précise de sa musique, toutefois lors du concert il avait joué plusieurs chansons qui m’avaient donné une vision plus complète de son univers… il vous sera facile de les retrouver sur Youtube. Mais donc c’est surtout avec trois titres, pour cet article, que je vais tâcher de vous donner une idée assez précise de la musique de MoonCCat. Commençons donc avec l’éponyme « La Reine Noire », et d’emblée ce qui me sonne agréablement à l’oreille est une ligne de basse très caractéristique d’une époque, d’un style musical qui a toujours eu mes préférences… J’entends donc d’emblée les influences coldwave de Luc, et constate néanmoins qu’il l’a fort bien intégrée, trois décennies plus tard, pour narrer ses contes sombres et contemporains. Associée à une batterie lente, un chant clair mais languide, cette ligne de basse constitue le fil conducteur de cette première histoire… Qui est la Reine Noire ? Une ombre glissant dans le décor nocturne d’une ville où le poète observe, au gré de ses errances. Une femme nimbée d’une histoire, d’un mystère… Un secret que le poète nous chante avec un timbre mélancolique, mais affirmé. Je ne vais pas révéler toute l’histoire de cette étrange femme, préférant vous laisser écouter son histoire pour la découvrir.
Ensuite, changement de décor, d’ambiance avec le titre « Western Fatal », et là ce n’est plus une rue tortueuse et pavée et une silhouette se glissant sous un réverbère que l’on se figure. Nous voyons plutôt une plaine du Grand Ouest américain, écrasée de soleil, le vent soulevant des vagues de poussières… Dans ce paysage, deux cavaliers se font face à la mort, et voilà qu’ils se lancent dans une improbable partie de cartes, improbable et dangereuse car l’issue pourrait bien en être fatale, au vu de qui est l’un de ces cavaliers… Je ne révèlerai rien ici, et vous propose plutôt d’écouter Luc vous narrer cette scène et ce qui en découle. Sa voix se fait celle d’un narrateur, il ne chante pas mais détache son texte, juste avec ce qu’il faut de théâtralité, sur fond musical assez dépouillé mais très ‘’western’’ dans l’ambiance avec ces accords de guitare… Ce que j’ai apprécié dans ce morceau est qu’il contraste assez nettement avec les autres titres de l’EP ou que j’ai pu écouter par ailleurs : il pose une histoire vraiment différente. J’ai d’ailleurs regretté qu’il ne soit pas un peu plus long… Enfin, avec «Dans les Limbes », nous bouclons ce court EP et revenons à l’atmosphère brumeuse d’un Paris nocturne. A nouveau, une ligne de basse vibrante telle un hommage à la colwave, et le chant grave qui décrit les affres d’un thème romantique par excellence : la folie. Il décrit son errance dans ces limbes, ces tourments de l’âme, à lui et la personne à laquelle il s’adresse. Une compagne d’infortune, avec laquelle il tente de s’échapper des tourments de la folie ? A moins qu’il ne s’y égare avec délices… Je vous laisse vous faire votre idée, en écoutant ce récit nimbé d’atmosphères froides et intemporelles.
Voilà une découverte, certes fragilement narrée ici sur trois titres seulement, espérant que mes mots vous donneront envie de découvrir pleinement l’univers de ce poète moderne. De fait, si vos propres goûts, vos désirs et influences vous poussent vers les fantômes du passé, notamment ceux d’un Paris symboliste ou romantique : glissez une oreille dans la musique que MoonCCat. Si les vapeurs de l’absinthe vous attirent, que vous trouvez la Fée Verte si belle dans ses danses, si lire certains poètes maudits vous transporte à chaque fois : alors n’hésitez guère plus à offrir votre attention à cette musique qui abolit les frontières temporelles pour rendre hommage à une même beauté. Je vous souhaite de douces errances."
Tracklist :
1. La Reine Noire
2. Western Fatal
3. Dans les limbes
Site : www.moonccat.com